Monique Mongeau et Guy Pellerin
DUO
du 1er november au 22 décembre, 2025
La Galerie Nicolas Robert est fière de présenter DUO, une exposition conjointe réunissant les artistes Monique Mongeau et Guy Pellerin pour la quatrième fois en quarante-cinq ans de carrière. À travers quatre séries inédites jamais exposées, l’exposition met en lumière les pratiques distinctes de ce duo uni dans la vie et dans la recherche artistique depuis plus de quarante ans. Pour cette nouvelle rencontre, les artistes proposent des œuvres monochromes et minimalistes, aux iconographies singulières mais complémentaires.
Le parcours de l’exposition s’ouvre sur deux œuvres emblématiques posant les fondements de leur exploration picturale. Dans Fougères (2011), peinture issue de l’Herbier de Monique Mongeau — une impressionnante recension de plantes et de fleurs amorcée dans les années 1990 — l’artiste introduit volontairement une fragilité au cœur de la représentation. Les parties imparfaites ou tronquées des végétaux viennent contrebalancer la solidité du support en bois, affirmant une tension entre la délicatesse du vivant et la permanence de la matière picturale. En dialogue, n° 232 (1994) de Guy Pellerin, élément d’une série de peintures circulaires amorcée lors de Découverte 94 au Parc des expositions de Paris, inscrit le temps dans la matière même de la peinture. Des sillons concentriques, tracés sur un tondo à l’aide d’une tournette, traduisent un geste simple, répétitif, presque méditatif. Par ce procédé, l’artiste parvient à fixer le temps fugitif du geste pictural — une manière d’ancrer le passage du temps dans la couleur et la forme.
Les recherches de Monique Mongeau autour des motifs végétaux et de la nature se prolongent dans deux nouvelles séries. Dans L’herbier au carré (2018), l’artiste révèle une œuvre monochrome noire où la couleur annoncée est absente : elle se manifeste dans les lettres évidées. Ici, le mot devient image ; les noms de plantes forment la composition et incarnent la couleur citée. Dans L’herbier de [ ] (2020), chaque diptyque réunit une nomenclature de noms de plantes, en référence à une œuvre ou un univers d’artiste — ceux de Marcel Proust, Claude Monet ou Gabrielle Colette. Ces pièces prolongent la réflexion de Mongeau sur la mémoire, la trace et la survivance du vivant dans la matière picturale. Depuis 1987, la nature constitue le sujet de prédilection de l’artiste.
Reconnu pour ses peintures abstraites et monochromes, Guy Pellerin poursuit une recherche qu’il nomme chronochromatisme — une manière d’ancrer la couleur dans le temps et dans la mémoire des lieux. L’artiste s’emploie à réinscrire le référent dans la peinture abstraite, genre qui, depuis le début du XXe siècle, a cherché à affirmer la couleur pour elle-même. Chez Pellerin, chaque teinte est porteuse d’une rencontre ou d’une expérience vécue : les couleurs des façades croisées sur la route 132, des maisons de Copenhague, ou encore des paysages quotidiens deviennent matière picturale et trace du temps.
Dans la série n° 499 — Mesures (2021), dix petites œuvres explorent la construction de surfaces à partir d’un système de damier dont les proportions répondent à l’épaisseur du support. La peinture s’érige littéralement, une case à la fois, dans une palette issue du mélange des résidus de projets antérieurs — un gris taupe verdâtre aux résonances temporelles. Avec n° 503 — The Black Paintings 1958 à 1960 d’après Frank Stella (2024), Pellerin rend hommage à l’un des moments charnières de la peinture moderne. Inspiré par la rigueur et la clarté du geste de Stella — « What you see is what you see » — l’artiste s’approprie cette leçon de radicalité. En reprenant le principe du motif structurel et du calcul précis, il souligne la puissance du procédé comme sujet, renouant avec une rigueur qu’il avait découverte en 1977 au Carpenter Center de l’Université Harvard.
Chez Monique Mongeau et Guy Pellerin, la peinture devient un terrain de rencontre : celle du temps et de la mémoire, de la nature et de la couleur, du geste et du système. Leur duo, nourri par des décennies de complicité artistique et humaine, témoigne d’une fidélité rare à une éthique du regard et du faire. DUO se déploie ainsi comme une méditation sur le passage, l’épure et la persistance — deux œuvres, deux langages, un même souffle.
