2007
Asma, Connor Bokovay, Em Davenport, Carolyn Forrester, Kelly Javzac, Jacob Lepp
By Sophie présente
Du 10 juillet au 30 août 2025
Année... 2007
Apple lance le premier iPhone, Britney Spears fait son retour avec la chanson « Gimme More » après s'être rasé la tête, la crise financière mondiale éclate dans le contexte de l'effondrement du marché des subprimes, les troupes américaines a connaissent l’épisode le plus meurtrier depuis leur invasion militaire de l'Irak [...]
Sophie présente: 2007, une exposition collective qui témoigne d’une résurgence des stratégies Dada, plus particulièrement sur les façons dont l'économie influence l'esthétique, que ce soit à travers des abstractions spéculatives, des systèmes en réseau ou via la circulation massive de biens éphémères bon marché.
Les œuvres évoquent un entrelacement dense de signes, de symboles et de références culturelles, faisant écho à la trace fantomatique d'un système rapide et excessif. Les produits domestiques et commerciaux sont réutilisés à des fins à la fois écologiques et économiques : papier d'emballage, laine, cadres bon marché, bannières en plastique, branches élaguées, bijoux, pièces automobiles, cheveux synthétiques... Les informations que contiennent ces objets ainsi que la relation avec leurs anciens détenteurs sont transposées dans les œuvres. Les matériaux incarnent une opportunité de percevoir l'époque dans laquelle nous vivons.
Une ère où le discours politique et économique est devenu absurde, tournoyant sans but à travers les réseaux. Le langage se transforme en bruit, et notre capacité à communiquer des idées, des émotions ou des vérités commence à s'éroder. Les chiffres, en revanche, semblent offrir une certaine clarté : les équations modélisent les systèmes, les statistiques révèlent des tendances et les données agissent comme un miroir. Cela se manifeste par des gestes frénétiques de pois pointillistes sur une peinture ou dans le réseau créé par un motif matelassé d’une œuvre textile. Les chiffres ne sont pas des objets physiques, mais ils sont réels dans leurs effets : ils font la bourse, génèrent des images loufoques, témoignent de pattern, participent à des stratégies de guerre, nous montrent combien de pommes nous avons [...]
> L'argent ne ment pas ! a déclaré la discussion de groupe.
> Ouin… a dit la fille de récession déprimée.
> Zoooooing!! crie la machine.
En 1916, le poète et dadaïste allemand Hugo Ball écrivait : «La guerre est fondée sur une erreur flagrante : on a confondu les hommes avec des machines. » Cette idée, selon laquelle la modernité transforme les gens en extensions mécaniques, trouve un écho dans les œuvres de John Heartfield et George Grosz, en particulier dans leur mannequin cyborg Der wildgewordene Spiesser Heartfield (1920), ou dans les collages et marionnettes d'Hannah Höch. Ses poupées, aux allures de jeunes filles androgynes, montrent à quel point les femmes sont déshumanisées, privées de leur libre arbitre et piégées dans un système patriarcal. Est-ce que ces artistes et poètes savaient que, un jour, nous pourrions vouloir devenir des machines-objets ?
Que nous allions discuter avec un Réseau neuronal simulé, comme s'il n'était pas du tout absurde de parler à une surface composée d'opérations matricielles et d'algorithmes optimisés. Peut-être nous identifions nous aux machines parce que nous sommes devenus des humains augmentés : faits de petites particules de plastique, alimentés par des boissons psychoactives fonctionnelles et construits à partir de biens éphémères personnalisés.
> Oh oh, je suis en pleine spirale.. [0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144, …]
Merci à Nicolas Robert et aux artistes pour leur confiance <3 Et merci à l'amour et l'amitié sans lesquels rien de tout cela ne serait possible : Nicolas, Julie, Taylor, Mary, Alexandre et maman.
Sophie Latouche est une commissaire indépendante et une artiste basée à Tiohtiá:ke/Mooniyang/Montréal, elle organise des expositions dans divers espaces sous le nom de Sophie présente. Elle a travaillé comme directrice associée à la galerie Pangée et cofondé la plateforme d’art en ligne Galerie Galerie. Elle est titulaire d'une maîtrise en gestion des organisations culturelles de HEC Montréal et d'un baccalauréat en beaux-arts en intermédia/cyberarts de l'Université Concordia. En tant qu'artiste, son travail a été présenté dans des institutions telles que le Musée d'art contemporain de Montréal (MAC), le Musée d'art contemporain des Laurentides (MAC LAU), le Centre Clark, Le Lobe et la Cinémathèque québécoise.