Jérôme Nadeau
Mercy, then metal
Du 4 septembre au 11 octobre 2025
Galerie Nicolas Robert, Montréal, est heureuse de présenter Mercy, then metal une exposition de nouvelles oeuvres par Jérôme Nadeau.
Pour sa première exposition à la Galerie Nicolas Robert à Toronto, Jérôme Nadeau poursuit son exploration des infrastructures modernistes du regard et des idéaux de transparence qui les accompagnent. Composée de panneaux de verre récupérés et disposés à une hauteur uniforme malgré leurs dimensions irrégulières, l’installation fragmente la vision, génère des reflets inattendus et confronte le spectateur à sa propre position d’observateur. Les surfaces deviennent ainsi des figures de la condition numérique contemporaine : des interfaces qui feignent la transparence tout en occultant l’accès à l’image.
Cette exploration du verre comme interface rejoint une logique plus large présente dans la pratique de l’artiste. Tout comme les panneaux déstabilisent la vision et troublent la transparence, ses images résultent d’un processus stratifié et itératif qui met en tension gestes matériels et outils numériques. Pour cette exposition, matière et méthode convergent, révélant que la perception, qu’elle soit architecturale, optique ou numérique, se constitue à travers des couches de traduction et de réinterprétation.
La démarche de Nadeau repose sur une méthode systématique de production d’images. Elle se construit à partir d’une vaste matrice visuelle alimentée par des recherches d’images inversées. Des dessins, inspirés par des motifs issus de cette constellation, y sont régulièrement intégrés. Chaque image produite devient à son tour un point de départ pour de nouvelles recherches, générant ainsi un cycle auto-référentiel en constante expansion. De cette accumulation, de cette collision de langages, une tension productive émerge. Des possibilités surgissent là où contamination, hasard et choix ne s’imposent jamais comme une résolution, mais comme un seuil, porté par l’intuition, où des récits personnels résonnent dans ce qui est retenu, écarté ou laissé en suspens.
Les peintures réunies pour l’exposition s’élaborent à travers plusieurs phases. À travers ce parcours, les images glissent et se transforment d’un état à un autre : dessins et photographies sont scannés, compressés, traduits en son puis reconvertis, imprimés, modifiés, rescannés et reconfigurés numériquement avant d’être sérigraphiées à la limite de la lisibilité. Les œuvres ne cherchent ni à illustrer ni à stabiliser, mais plutôt à sonder ce qui vacille : les seuils flous de la perception, les zones de bruit, les surfaces contaminées par l’erreur et l’incertitude.
L’échec devient une ressource précieuse : il engendre des formes en quête de sens, des motifs fragiles oscillant entre apparition et effacement. Dans ces fluctuations subsiste un champ spéculatif et fragmenté, un espace où la reconnaissance se dérobe et où le doute devient une modalité du regard.